Phnom Penh

Le lendemain matin, 10/07/2013, nous reprenons déjà la route et continuons à nous déplacer vers l’Est pour rejoindre Phnom Penh, capitale et ville la plus peuplée du Cambodge ainsi que son centre économique et politique. Fondée en 1434, la ville se développe beaucoup sous l’impulsion de la France laissant en héritage nombre de bâtiments à l’architecture européenne et coloniale, notamment le long des grands boulevards.

Malheureusement, notre passage à Phnom Penh sera de trop courte durée pour nous permettre d’apprécier cet héritage. En revanche, séjour instructif du point de vue historique puisqu’il nous permet à tous les 2 de découvrir une (triste) page de l’Histoire de l’Asie du Sud Est que nous ignorions passablement: le génocide cambodgien causé par le régime « Khmers rouges ».

Allez, encore un petit paragraphe d’Histoire:

Le régime des « Khmers rouges » est le surnom d’un mouvement politique et militaire cambodgien communiste qui a dirigé le Cambodge juste avant le début des années 1980.

Les Khmers rouges ont pris le pouvoir au terme de plusieurs années de guerre civile, établissant le régime politique connu sous le nom de Kampuchéa démocratique, dont le dirigeant principal Saloth Sâr, est plus connu sous le nom de Pol Pot.

Entre 1975 et 1979, leur organisation a mis en place une dictature d’une extrême violence chargée, de créer une société communiste sans classes.

Le 17 avril 1975, le jour de la nouvelle année cambodgienne, Phnom Penh a été évacuée de force, la ville fut vidée de la quasi-totalité de ses 2 millions d’habitants, et laissée à l’abandon pendant presque 4 ans.

Le régime a ensuite causé la mort de plus de 1,7 million de victimes, soit plus de 20 % de la population de l’époque, avant d’être finalement chassé du pouvoir en 1979 par l’invasion vietnamienne du Cambodge.

A Phnom Penh, c’est désormais le musée « Tuol Sleng » (Former Office S.21), une ancienne école transformée par les forces de Pol Pot en prison et en centre de torture, appelé à l’époque S.21, qui permet de rendre hommage à ceux qui périrent sous ce régime.

Il ne faut donc pas s’attendre à une visite « agréable » puisque ce qui figure ici est l’illustration même de la barbarie humaine: des cellules minuscules (2m de long x 0,8m de large), photos de victimes, témoignages écrits, instruments de torture etc.

Vers la sortie du musée, l’un des 2 seuls (à priori) rescapés de cet affreux centre de détention, tient un stand pour la promotion de son bouquin qui raconte sa terrible épreuve : 3 ou 4 ans de souffrance dans cette prison avant de retrouver sa liberté en 1979. Cet homme a aujourd’hui plus de 80 ans et nous avons peine à comprendre comment il peut revenir ici tous les jours, 30 après.

Une partie de l’explication se trouve dans son bouquin sans doute, l’épilogue disant à peu près la chose suivante : « Comment pourrai-je ressentir de la haine contre mes bourreaux de l’époque, des hommes qui agissaient sous ordres militaires et qui mettaient immédiatement leur vie en péril si ils refusaient de coopérer ? N’aurai-je pas, à leur place, également agi de la sorte ? »

J’aimerais être capable de faire preuve d’autant de sagesse.

Siem Reap

Après le séjour humide mais apaisant à Koh Chang, nous prenons ce matin, le 08/07/2013, la direction du poste frontière de Poipet, pour rejoindre la ville de Siem Reap au Cambodge. Une journée de voyage s’annonce donc, et elle va s’avérer plus longue que prévue.

Le programme consiste d’abord en un trajet supposé de 4 à 5h de mini van (et oui, toujours le mini van, on ne change pas une équipe qui gagne) puis un timing supposé de 1h30 environ pour réaliser les formalités administratives obligatoires au poste frontière de Poipet (production des visas et contrôle des passeports) puis à nouveau 2 à 3h de bus public pour le dernier tronçon au Cambodge, entre Poipet et Siem Reap. En principe et dans le pire des cas, nous devrions être à Siem Reap autour de 16h30, voire 17h.

Le mini van nous cueille à l’heure prévue à notre hôtel : départ 7h30, on est à l’heure, impeccable. Le premier tronçon tarde finalement 6h30 environ, probablement à cause du déluge qui continue de s’abattre sur l’est thaïlandais. Le mini van s’arrête, comme nous nous en doutions, dans un restaurant / agence de tourisme dans lequel nous savons que nous ne devons pas effectuer de formalités administratives puisqu’on va essayer de nous faire payer le visa 40% plus cher que le prix officiel de la frontière situé à 1,5 km de là. Le staff qui s’occupe des voyageurs nous isole assez vite du groupe, voyant bien que nous devons être informés du « scam », afin que nous ne perturbions pas ce business organisé dans lequel tombent finalement presque tous les passagers. On nous conduit donc avant tout le monde directement à 200 m. du poste frontière, que nous rejoignons à pied. Après le contrôle de passeport à la sortie du territoire thaïlandais, nous sommes maintenant en zone franche et nous dirigeons vers le poste de procédure de visas. La procédure d’obtention du visa touristique pour le Cambodge est rapide: un formulaire à remplir et on passe à la caisse évidemment. On nous réclame bien sûr d’abord 25$ chacun, alors que le prix est de 20$ pour les gens amenant une photo d’identité, ce que Magda fait remarquer à l’agent de la frontière. Il grogne mais n’insiste pas et Magda obtiendra donc son visa au prix officiel. Quant à moi, ayant perdu ma photo d’identité entre temps, je paie 25$ sans broncher. On pense que le principal est fait mais le plus long reste à venir: presque 2h de queue pour le contrôle de passeport d’entrée sur le territoire cambodgien : et là ça finit par ressembler à une punition car on a nos sacs sur le dos et le mien pèse quand même 18 kg ! A presque 16h, nous entrons donc finalement au Cambodge et nous patientons quelques minutes dans un « shuttle » bus qui doit nous conduire à un terminal de bus duquel nous devrons emprunter un dernier bus public pour parcourir les 150 km qui nous séparent de Siem Reap : et bien on n’est pas arrivés! Le dernier tronçon nous prend encore bien 3h et nous atteignons enfin Siem Reap en fin de journée : il est 19h30.

Entre temps (on en a eu du « temps » aujourd’hui), nous avons fait la connaissance de 2 « frenchies », très sympa, Florian et Hugo, qui font le même trajet et avec qui nous passerons les prochaines 36h. Un bon diner le soir aux alentours de notre Guest House et au dodo car demain, lever à nouveau 4h45 pour partir visiter les célébrissimes temples d’Angkor, le lieu touristique le plus visité du Cambodge, une source d’inspiration et une fierté nationale pour tous les cambodgiens.

Après une courte nuit, nous quittons la Guest House à vélo pour rejoindre la cité d’Angkor situé à 7 ou 8 km au nord de Siem Reap. Angkor rassemble plus d’une centaine de temples construits entre la fin du IXème siècle et la fin du XIIème siècle, par les rois successifs de l’empire Khmer qui aura duré plus de 600 ans entre 802 et 1432 et dominé une large frange de l’Asie du Sud-Est continentale, de la Birmanie, à l’ouest, au Viêt Nam, à l’est. Il semble que chacun de ces « Dieu-Rois » durant son règne, a mis un point d’honneur à construire plus beau, plus grand, plus symétrique que ces prédécesseurs, nous laissant un inestimable héritage culturel dont le plus grand bâtiment religieux jamais construit : Angkor Vat. La cité d’Angkor dénombrait, à son apogée, plus d’ 1 Million de personnes et couvrait une superficie d’environ 1 000 km². A la même époque, la ville de Londres ne comptait que 50 000 habitants.

Angkor a ensuite connu l’un des effondrements les plus méconnus de tous les temps.  . À la fin du XVième siècle, lorsque des missionnaires portugais découvrirent les tours en forme de lotus d’Angkor Vat, la capitale de l’empire agonisait déjà. Les spécialistes ont avancé de nombreuses explications mais la plus probable est la suivante : Angkor aurait été condamnée d’avance par cette même ingéniosité qui transforma un ensemble de petits fiefs en empire. La civilisation khmère avait appris l’art d’apprivoiser les déluges saisonniers de l’Asie du Sud-Est, en stockant l’eau dans d’immenses bassins (appelés baray) pour éviter les inondations et la restituer en période de sécheresse. Mais elle perdit le contrôle de l’eau, la plus vitale des ressources, entraînant ainsi son déclin. Des sécheresses sévères et prolongées, ponctuées par des pluies torrentielles, auraient anéanti le système hydraulique. Le pouvoir se déplaça alors vers Phnom Penh, au XVième siècle, après une période de moussons irrégulières.

Ce n’est qu’en 1861, début de la conquête de la Cochinchine par la France, que le naturaliste Henri Mouhot explorant la région, permet la re-découverte d’Angkor Vat puis d’Angkor Thom. Son récit sera publié dans son « Tour du Monde » en 1863.

Voilà pour l’Histoire! De notre côté, nous passons donc la matinée à visiter ce splendide lieu de pèlerinage historique répartis sur plusieurs centaines d’hectares de terrain, tantôt à pied, tantôt à vélo, et ne regrettons pas d’avoir fait l’effort de nous lever tôt pour profiter au mieux de la visite. Vers 13h, nous rentrons à Siem Reap pour pouvoir achever notre nuit par une sieste.

Le soir, nous retrouvons Hugo et Flo avec qui nous avons convenu de diner à nouveau et terminons la soirée dans le quartier de Siem Reap fréquenté par les Backpackers, pour trinquer ensemble autour d’une bonne bière fraiche.

Ainsi s’achève notre séjour à Siem Reap, trop court sûrement, mais qui restera un excellent souvenir de par le surréalisme des temples d’Angkor et cette sympathique rencontre avec nos 2 compagnons de galère.

@Hugo & Flo : Bonne continuation à vous 2 au plaisir de vous retrouver un de ces jours