Buenos Aires

Nous terminons notre séjour en Argentine par la capitale, Buenos Aires, 3 Millions d’habitants dans la ville, plus de 13 Millions pour l’agglomération urbaine, le Grand Buenos Aires, ce qui fait d’elle la deuxième ville la plus peuplée de l’Amérique latine, après São Paulo, au Brésil. Située sur la rive Ouest du fleuve « Río de la Plata » au niveau de l’embouchure avec l’océan Atlantique, elle est bordée par le Río de la Plata au Nord et à l’Est, (l’Uruguay se trouvant sur l’autre rive du fleuve, au Nord), la Pampa à l’Ouest et la province de Buenos Aires au Sud. Elle est le cœur financier, industriel, commercial de l’Argentine ainsi qu’un centre artistique important de la culture occidentale (nombreux musées, théâtres, et galeries d’arts). Les habitants, majoritairement d’origine espagnole et italienne, sont les « Porteños » (littéralement « les habitants du port »), à ne pas confondre avec les « bonaerenses », habitants de la province de Buenos Aires dont ne fait pas partie la capitale fédérale.

Du point de vue étymologique, le nom « Buenos Aires » a progressivement évolué à partir du nom original, donné par Juan de Garay, qui était « Santísima Trinidad y Puerto de Nuestra Señora del Buen Ayre » (Très Sainte Trinité et Port de Notre-Dame-du-Bon-Vent). Le nom « Notre-Dame-du-Bon-Vent » fait référence à la Vierge de la Bonaria (Cagliari, Sardaigne), protectrice des navigateurs, dont une représentation fût déposée dans un temple païen pour le convertir au Christianisme lorsqu’il devint la religion officielle de l’Empire Romain. L’italien « Bonaria » fut ensuite traduit en « Buen Aire ».

Les conquistadors durent s’y reprendre à plusieurs reprises pour fonder Buenos Aires : les deux premières tentatives, de Juan Díaz de Solís, en 1516, puis Pedro de Mendoza en 1536, furent respectivement ravagées par des attaques d’amérindiens, obligeant les colons à abandonner le premier emplacement choisi. En 1580, Juan de Garay fonde à nouveau la colonie avec le nom ci-dessus évoqué, à l’emplacement connu aujourd’hui comme le quartier « La Boca », le principal objectif étant le besoin d’ouvrir une porte sur l’Océan Atlantique pour tout le territoire existant depuis Potosí jusqu’au sud du continent.

La ville était, à l’époque, la capitale d’un gouvernement qui dépendait de la Vice-royauté du Pérou et les Porteños souffrirent pendant des siècles de toutes sortes de besoins. Buenos Aires était en effet la cité la plus australe d’Amérique, loin de toute cité commerciale importante. La couronne d’Espagne privilégiait alors les ports de la côte Pacifique et marginalisait Buenos Aires, qui vécut, jusqu’au XVIIème siècle, de contrebande, financée par la seule et unique source de richesse du pays : la vente de cuir obtenu par le massacre des troupeaux de bovins qui vivaient encore à l’état sauvage dans les prairies alentour.

Buenos Aires acquit une certaine légitimité en 1680, grâce une écrasante victoire contre les Portugais, séparés depuis peu de l’Espagne, qui arrivèrent avec une expédition à Colonia del Sacramento (en Uruguay) sur la côte opposée du Rio de la Plata afin de s’établir sur ce territoire. Conscient de l’instabilité grandissante dans la ville, Charles III d’Espagne leva progressivement les restrictions commerciales jusqu’à créer, en 1776, la vice-royauté du Río de la Plata dont Buenos Aires fut la capitale, la plaçant donc au même niveau que Lima d’un point de vue administratif. Son territoire s’étendait sur l’Argentine, la Bolivie, le Paraguay et l’Uruguay actuels. Avec un commerce ouvert, libre, flexible et libéral, la ville s’émancipa de la dépendance politique et économique de Lima et vécue donc une croissance fulgurante entre 1780 et 1800, recevant à cette époque une très forte immigration d’espagnols, de français et d’italiens. Au tout début du XIXème siècle, la ville fut ensuite envahie par les troupes anglaises mais les Porteños repoussèrent les Britanniques par deux fois, donnant aux habitants de la ville l’assurance qu’ils pouvaient aussi créer une nation indépendante de l’Espagne, portés en parallèle par les idéaux de la Révolution française.

Buenos Aires acquit ensuite très rapidement son indépendance, le 25 mai 1810 : après une semaine de manifestations majoritairement pacifiques, alors que l’Espagne est en pleine guerre, les « criollos » (Espagnols nés en Amérique du Sud) parvinrent à chasser le vice-roi espagnol et à installer un gouvernement provincial. L’indépendance ne fut toutefois déclarée formellement qu’en 1816, au terme de conflits qui secouèrent tout le pays, Buenos Aires ayant été désignée, entre temps, comme siège du gouvernement national.

En 1880, une série d’affrontements entre le camp de la vision centraliste, défendue à Buenos Aires, et le camp de la vision fédéraliste, défendue dans le reste du pays, s’achève par la défaite de Buenos Aires et la fédéralisation de la ville et du pays, dont elle prend depuis lors le statut de Capitale Fédérale.

Au XIXème et XXème siècle, Buenos Aires connaît un essor industriel important et devient une grande métropole multiculturelle rivalisant avec les grandes capitales européennes, mais une immigration forte et incontrôlée dans les années 1920, entraîne en parallèle l’apparition de quartiers très pauvres autour des zones industrielles de la ville, ayant pour conséquence de graves problèmes sociaux.

Le XXème siècle est celui de la junte militaire, des mouvements révolutionnaires et Buenos Aires souffre plusieurs coups d’États, notamment la démonstration de force de Juan Perón, le 17 octobre 1945, qui se déroule sur la Plaza de Mayo et marque le point de départ du péronisme (Mouvement national justicialiste créé autour de Juan Perón). Mais ces nombreuses et successives luttes révolutionnaires entrainent entre 10 000 et 30 000 disparitions dans le pays qui reste meurtri à jamais.

Finalement, en 1982, la défaite de la guerre des Malouines fait perdre du prestige et de l’influence à la dictature militaire et les généraux sont obligés d’organiser des élections libres ce qui marque le retour de la démocratie.

Après ces quelques lignes d’Histoire, revenons maintenant sur notre périple. Arrivés en bus de nuit depuis Córdoba le 30/12/2013, nous rejoignons en taxi, le Sabatico Travelers Hostel, dans le quartier Monserrat, dans lequel nous avons réservé 2 lits pour les 3 prochaines nuits. L’accueil est sympa, les pièces communes très agréables, mais les dortoirs sont tout petits et non climatisés, ce qui augure des nuits difficiles compte tenu des températures annoncées.

Même si je n’ai pas beaucoup dormi dans le bus, on décide, sur conseil de la réception, de rejoindre un Free Walking Tour qui démarre à 10h30, après un copieux petit-déjeuner à l’auberge. C’est une ballade de 3 ou 4 heures qui démarre dans le centre, au niveau de la Plaza Lavalle, juste en face du Théâtre Colón, une des plus importantes salles d’opéra au monde (capacité de 3300 personnes, 6 étages, acoustique incroyable), dessiné par 2 architectes italiens, inauguré en 1908, et ayant accueilli tous les plus grands noms de l’opéra et de la musique classique. Sur la Plaza Lavalle, se distinguent également : le Palais de Justice, siège du pouvoir judiciaire d’Argentine ainsi que de la Cour Suprême de Justice, édifice inauguré en 1942, une statue édifiée en l’honneur de Juan Lavalle et enfin plusieurs arbres centenaires appelés « gomera » dont les imposantes branches ont la particularité de pousser horizontalement. La promenade longe ensuite l’immense « Avenida 9 de Julio » qui perce Buenos Aires du Nord au Sud, et dont l’extrême largeur (140 m) lui confère le titre de l’Avenue la plus large de la planète. Elle porte ce nom en l’honneur du jour de l’Indépendance argentine, le 9 juillet 1816, et l’obélisque de 68 m de haut qui se dresse au centre de la Plaza de la República, fut inauguré le 23 mai 1936, pour le quatrième centenaire de la première fondation de la ville. On continue ensuite en direction du quartier Retiro, traversant d’abord le principal espace vert de ce quartier, la grande « Plaza General San Martín » en s’arrêtant quelques instants devant le Monument aux morts dédié aux victimes de la Guerre des Malouines. Ensuite, nous passons à proximité de la « Torre Monumental » qui fut construite par des résidents britanniques de la ville pour célébrer le centenaire de la révolution de mai et dont l’ancien nom « Torre de los Ingleses » fut abandonné après la défaite de l’Argentine contre les anglais au cours de la Guerre des Malouines. Enfin, la ballade se finit au cœur du quartier de Recoleta, l’un des quartiers les plus touristiques et distingués de la capitale, passant d’abord devant la Basilique Nuestra Señora del Pilar, de style dominant colonial et achevée en 1732, soit l’une des plus anciennes églises de la ville, avant de se conclure à l’entrée du cimetière de la Recoleta, dont les nombreux panthéons familiaux et caveaux accueillent les sépultures de très nombreux protagonistes de l’histoire argentine (écrivains et hommes politiques). La tombe la plus « fréquentée » est sans aucun doute celle d’Eva Péron, de son nom complet María Eva Duarte de Perón, décédée le 26 juillet 1952 à Buenos Aires, plus connue sous le pseudonyme « Evita ». Seconde épouse du président Juan Perón, elle est devenue un mythe et une icône de l’Argentine du XXème siècle par sa très grande influence pour l’obtention de la plupart des acquis sociaux du pays, notamment le vote des femmes, la sécurité sociale, les congés payés et plus largement les droits des travailleurs et le rôle des syndicats. Ses innombrables actions en faveur des classes défavorisées et les contributions non négligeables (hôpitaux, orphelinats) que sa fondation a laissés à l’Argentine ont généré une telle admiration qu’elle a été, au milieu du XXème siècle, l’objet d’un véritable culte de la personnalité, son nom et son image apparaissant alors absolument partout. Sa vie et sa carrière ont fait l’objet d’une comédie musicale sortie en 1975, appelée Evita, dont le principal succès « Don’t Cry for Me, Argentina » fut, plus tard, interprété par Madonna, dans l’adaptation cinématographique de la comédie, en 1996. Pour l’anecdote, son corps n’est revenu à Buenos Aires pour être placé dans le caveau familial des Duarte qu’en 1976, 24 ans après sa mort brutale à 33 ans, emportée par un cancer. En effet, suite au coup d’Etat de 1955 qui force son mari à quitter le pouvoir, son corps fut transporté secrètement vers un cimetière de Milan, sous une fausse identité et conservé à cet endroit pendant presque ¼ de siècle.

Le 31/12/2013, nous décidons de nous rendre à la « Boca », qui doit son nom au fait d’être placé à « l’embouchure » du Riachuelo, le petit fleuve qui se jette dans le « Rio de la Plata ». C’est le quartier de naissance de la capitale, c’est là que la ville fut fondée. Il s’est développé autour du premier port de Buenos Aires, aujourd’hui délaissé, accueillant au début du XXème siècle, des vagues successives d’immigrants venus de Yougoslavie, de Grèce, de Turquie et aussi beaucoup d’italiens, de Gênes, attirés par la forte activité portuaire de l’époque. La « Boca » a donc toujours été un quartier populaire, essentiellement habité par les classes les plus pauvres, les travailleurs, ce qui est toujours le cas aujourd’hui, l’immigration venant maintenant plutôt de Bolivie et du Paraguay voisins dont un certain nombre de citoyens débarquent régulièrement en Argentine, à la recherche d’une condition meilleure.

Nous décidons d’y aller à pied, ce qui fait une bonne trotte, tout en accordant une certaine attention aux recommandations de vigilance de notre guide Lonely Planet, qui conseille de ne pas s’écarter du lieu touristique le plus fréquenté, « El Caminito », une ancienne voie de garage qui a été complètement refaite et redécorée par les habitants du quartier, rendant alors les quelques rues en question très colorées et joyeuses. Mais nous ne verrons pas le « Caminito », car à quelques rues de là, avant d’y parvenir, on m’arrache l’appareil photo numérique que je porte pourtant en bandoulière, près du corps et même volontairement caché sous le bras depuis quelques minutes (un pressentiment, mais pas suffisamment net pour nous décider à rebrousser chemin ou à prendre un bus pour terminer le trajet). Nos trois agresseurs s’enfuient en courant, l’un d’entre eux avec l‘appareil en main, la boucle de l’étui de protection n’ayant pas survécu à la pression exercée. Je réagis assez vite en me lançant, pieds nus (évidemment, ils ont choisi de « venir me chercher » aujourd’hui quand je me ballade en tongues, l’une d’entre elles n’ayant pas non plus tenu le coup pendant les 3 secondes de débattements), à la poursuite de celui qui tient l’étui et je parviens presque à le rattraper mais il se réfugie dans un terrain vague désaffecté dont le sol, jonché de morceaux de verre, et la végétation très haute par endroits, m’incite à ne pas continuer à faire justice moi-même. Malgré un déploiement policier important et un sacré remue-ménage dans le quartier (pas moins de 5 voitures ont débarqué dans les minutes suivantes et même un camion de pompier un peu plus tard, dû à un départ d’incendie supposé volontaire depuis le fond du terrain), nous ne retrouverons bien entendu, ni trace du jeune, ni de l’appareil photo. C’est agaçant, bien sûr, et ça me met en rogne pour quelques heures, mais d’un autre côté, nous n’avons heureusement rien, Magda et moi, et nous n’avons perdu qu’un jour et demi de photos puisque nous avons pris l’habitude de faire des sauvegardes régulièrement.

Nous ne verrons pas non plus le stade mythique « La Bombonera », le stade officiel du club de football le plus célèbre d’Argentine, « Boca Juniors ». C’est ce club qui a vu grandir un certain Diego Armando Maradona. Surnommé « El Pibe de Oro », ou « Le Gamin en Or », Maradonna, considéré comme un Dieu vivant par une grande majorité d’argentins, commença sa carrière professionnelle à seulement 16 ans, avec « Boca Juniors » puis évolua ensuite en Europe, jouant d’abord pour le FC Barcelone puis pour le SS Napoli. Après avoir fait des prouesses dans le club italien, l’homme dérape, trop de pression, peut-être, étant contrôlé positif à la cocaïne. C’est alors le début du déclin de Diego Maradona, qui va connaître une longue période d’addiction à la poudre blanche, puis désintoxication puis abus de tabac, d’alcool et boulimie qui lui valent un malaise cardiaque, en 2004, le laissant presque mort.

Pour bon nombre d’argentins, le deuil est entamé. Un nombre impressionnant de fleurs, de prières, de messages et de personnes veillant le « Maître », aux portes de l’hôpital de Buenos Aires qui le soigne à l’époque, est le signe de l’amour, du respect et de la passion que le peuple argentin a en cet homme.

Après un autre petit soubresaut médical en 2007, Maradona semble se stabiliser un peu. Entraîneur infortuné de la sélection argentine lors de la Coupe du Monde 2010, Maradona est finalement écarté de l’équipe « Albi céleste » après la défaite de l’Argentine contre l’Allemagne, en quarts de finale.

Depuis, Diego Maradona n’a pas fait beaucoup parler de lui, mais n’allez surtout pas croire qu’il est passé aux oubliettes : il continue de générer une passion et une admiration hors-norme chez tous les amoureux argentins du ballon rond !

Quant à moi, je peux écrire ici sans complexe, qu’avant de venir à Buenos Aires, je ne vouais pas un culte immense au footballeur à la « Main de Dieu ». Après notre tentative avortée d’approche du stade qui l’a vu grandir, je n’en sais, du coup, pas plus qu’avant à propos du personnage, mais mon avis n’a donc pas évolué.

Bref, nous finissons par retourner à l’auberge vers 17h avant de finalement ressortir assez vite puisque nous avons RDV avec un couple d’amis rencontrés à Salta (elle, cubaine, lui anglais) pour fêter ensemble le nouvel an. Vers 20h, nous sommes chez eux, les courses sont faites, l’agression de l’après-midi est déjà derrière nous, et nous passons une délicieuse soirée, d’abord en dinant dans l’appartement splendide qu’ils louent pour quelques jours par Airbnb, puis en sortant tous les 4, dans le quartier de San Telmo, le berceau du tango. L’Argentine et l’Uruguay revendiquent chacun la création du tango, cette danse, cet art, classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 2009, dont on peut régulièrement admirer des démonstrations improvisées au détour de petites places de San Telmo. C’est un quartier, historiquement huppé, à l’ambiance bohème, aux rues pavées, dans lequel sont installés bon nombre d’artistes. Les anciennes maisons bourgeoises, fractionnées ensuite en plus petits appartements accueillent aujourd’hui des enseignes à la mode, de boutiques-hôtels luxueux, des couples gays et de riches expatriés. C’est aussi le quartier choisi par les antiquaires qui se rassemblent habituellement le dimanche pour la brocante hebdomadaire.

Après une excellente soirée de nouvel an, passée en compagnie de nos amis, Magda et moi, nous apercevons, au réveil, le 1er janvier 2014, que nous n’avons finalement pas complètement avalé la pilule d’hier après-midi : une envie commune de passer à l’étape suivante. Nous ferons tout pour ne pas garder de Buenos Aires un souvenir amer, mais pour l’heure, nous sentons que nous devons continuer notre route et changer d’air pour pouvoir oublier complètement notre mésaventure. Par chance, nous n’avions de toute façon pas prévu de rester bien plus longtemps à Buenos Aires, puisque notre plan est de passer en Uruguay dès demain le 02/01/2014.

Nous passons tout de même notre dernier après-midi à découvrir un dernier quartier de renom, Palermo. C’est le quartier le plus étendu de la ville, principalement résidentiel, où l’on trouve beaucoup d’habitations élégantes et d’immeubles de standing, même si les immeubles de bureau s’y sont multipliés depuis les années 1990. Le centre de ce très agréable quartier se situe au niveau de la Plaza Italia, d’où l’on accède au Zoo de Buenos Aires, au Jardin Botanique et au « Bois de Palermo ». Les « Bosques de Palermo », officiellement « Parque 3 de Febrero » (« Parc du 3 février ») sont une immense zone boisée, de quelques 50 hectares, qui accueille un terrain de golf, un terrain de Polo, un planétarium, un Jardin Japonais, 3 lacs artificiels et plusieurs itinéraires de promenade. Durant le week-end, l’affluence augmente notablement car de nombreux Porteños amoureux de sport viennent ici faire du jogging, du roller, du skateboard etc. Les quelques heures très agréables que nous passons dans le parc en fin d’après-midi, après avoir parcouru les rues pavées de Palermo, sont pour moi, le meilleur moyen de me réconcilier avec la capitale argentine avant de la quitter : ce fut un bon choix de programme pour nos dernière heures en Argentine, un pays qui nous aura définitivement comblé par la variété d’expériences touristiques qu’il offre et par les rencontres mémorables qu’il nous aura offertes !

Córdoba

Après Mendoza, nous quittons enfin la Cordillère des Andes et nous dirigeons plein Est, vers Córdoba, de son premier nom « Córdoba de la Nueva Andalucía », 1,5 Millions d‘habitants, capitale de la province du même nom et enfin siège d’un archidiocèse catholique c’est-à-dire le centre de la province ecclésiastique correspondante.

Elle fut surnommée « La Docte » déjà du temps de la colonisation espagnole, par l’importance accordée à l’éducation et le nombre d’Universités qui y furent construites (Córdoba en détient 7 en tout). L’Université Nationale de Córdoba, datant de 1612, fut la première du pays et la seconde du continent. Córdoba continue de mériter cette appellation puisqu’elle était, en 2005, la ville latino-américaine possédant le plus grand pourcentage d’étudiants universitaires par rapport à sa population totale : 12 % des habitants sont étudiants universitaires, une des proportions les plus élevées du monde ! La ville a été protagoniste de faits historiques importants, comme la Réforme Universitaire de 1918, puis un soulèvement étudiant et populaire, en 1969, appelé le « Cordobazo », qui mena à la chute du dictateur Juan Carlos Onganía, et à l’écroulement du régime militaire peu après.

Arrivés à Córdoba après un nième long et désagréable trajet en bus (nous sommes restés coincés dans le bus, l’A/C fonctionnant de façon intermittente, durant presque 3h au départ de Mendoza, pour des raisons variant selon le membre de l’équipage à qui nous nous adressions – « On charge des boissons pour le trajet » ou « On attend un deuxième chauffeur pour épauler le premier mais il arrive tout de suite » – pour finalement comprendre auprès d’un 3ème membre que le bus souffrait d’une pièce détériorée qu’il a fallu remplacer avant de partir. Il eût été plus transparent et correct d’annoncer la couleur tout de suite aux passagers, à mon humble avis, mais que voulez-vous, notre monde est ainsi fait qu’à l’heure d’annoncer de mauvaises nouvelles ou d’assumer une responsabilité, l’être humain tend généralement à « se faire caca dessus » !

Nous sommes donc dans le centre de Córdoba le 27/12/2013, il est environ 9h du matin et nous trouvons, après une marche d’une bonne demi-heure, une auberge bien placée, dans laquelle on nous propose un dortoir dans lequel nous « pourrions avoir un peu chaud », aux dires du réceptionniste ! 2 heures plus tard, en milieu de matinée, alors que nous tentions de dormir quelques heures avant de sortir pour visiter la ville, nous comprenons qu’au lieu « d’un peu chaud », la description adéquate aurait dû être « il va faire une chaleur insoutenable et vous allez souffrir, mais grave ! ». Encore un qui a eu un souci de transit intestinal au moment de nous accueillir ce matin ! Bon, pour sa défense, je sais en quoi consiste la vente d’un service quand on en connait ses défauts : on tente de les minimiser ou on insiste sur d’autres caractéristiques plus attrayantes ! En tout cas, malgré un changement de dortoir la deuxième nuit, on va en effet souffrir de la chaleur à Córdoba : la vague de chaleur qui sévit sur le centre de l’Argentine depuis plusieurs jours tend à se prolonger plus longtemps que prévu et à s’accentuer.

Le Lonely Planet décrit Córdoba, même si ça fait totalement cliché de guide touristique, comme un fascinant mélange d’ancien et de nouveau. La forte proportion d’étudiants et de jeunes confère à la ville  une dynamique culturelle contemporaine (de nombreux jeunes designers exposent par exemple tous les week-ends, leurs créations lors d‘un marché dédié, décrit comme l’un des meilleurs du pays) et une intense vie nocturne, tandis que l’héritage, datant des XVIIème et XVIIIème siècles, laissé par les Jésuites, ravira les passionnés d’histoire de l’art, et les amoureux de bâtiments religieux. Peu d’autres villes rassemblent sur un même trottoir, une série de bar-discothèques où les étudiants viennent régulièrement écouter des « DJ sets » d’électro-tango, et de majestueux couvents Jésuites datant du XVIIème.

Nous ratons malheureusement la vie nocturne de Córdoba (en dehors d’un sensuel cours de tango en plein air sur la Plaza San Martin) en grande partie à cause du calendrier – entre Noël et le jour de l’an, la programmation musicale et la vie nocturne est drastiquement réduite – mais la faible densité de population à cette période nous permet en revanche de visiter sereinement le quartier Jésuite, qui rassemble plusieurs intéressants édifices comme « l’Eglise de la Compagnie de Jésus », datant de 1645, d’intérieur baroque, « l’Université Nationale de Córdoba », créée par des frères Jésuites en 1622, et le « Collège National de Monserrat », fondé en 1687 dont la façade fut considérablement restaurée et modifiée en 1927. La Cathédrale de Córdoba, même si elle ne vaut pas celle de Córdoba, Espagne, vaut la peine d’y pénétrer quelques minutes : sa construction fut initiée en 1577 mais elle dura plus de 2 siècles sous la direction de plusieurs architectes, Jésuites et Franciscains, et manque pour cette raison d’unité architecturale, tout en restant une belle structure qui domine la Plaza San Martin. Nous visitons enfin « la Iglesia de Santa Teresa y Convento de Carmelitas Descalzas de San José », un couvent de religieuses carmélites, occupant la moitié d’un pâté de maison du centre-ville, et qui accueille toujours plusieurs dizaines de religieuses qui vivent ici cloitrées. Seule l’Eglise, sobre et sombre est ouverte au public. Nous manquons en revanche la visite du « Museo de la Memoria » (fermé entre Noël et Jour de l’an), qui présente pourtant ce qui semble être un vibrant témoignage des excès de la dictature militaire argentine. Nous imaginons qu’il doit se rapprocher du musée « Tuol Sleng », de Phnom Penh, rendant hommage aux victimes du génocide cambodgien causé par le régime « Khmers rouges ». En effet, ici aussi, ce musée est hébergé dans des locaux ayant servis de centre de détention et de torture, centre opéré par une division militaire secrète appelée D2 (Dreaded Department of Intelligence), dont la mission était de kidnapper et torturer les supposés opposants politiques de la dictature et la réassignation de leurs proches et enfants vers des familles politiques moins révolutionnaires.

La chaleur insupportable finit par avoir raison de nous et nous nous réfugions dans un restaurant à proximité d’une source d’A/C pour déjeuner et goûter à un plat local appelé « locro », une sorte de soupe épicée agrémentée de grains de maïs et de viande, pas mauvais, mais franchement pas du tout le genre de plat à choisir par une chaleur pareille.

Le lendemain, désespérément à la recherche d’une piscine, après avoir essuyé un cuisant échec à la piscine municipale de Córdoba (qui avait l’air franchement grande et chouette, en plus, m****), fermée pour cause de maintenance, nous atterrissons au dernier étage d’un hôtel ****, l’un des rares de la ville à offrir une piscine, après avoir payé le prix fort pour quelques heures à peine rafraichissantes, au bord d’une piscine (assez peu peuplée, au moins) franchement pas digne d’un hôtel supposé ****.

Le lendemain, nous restons volontairement toute la journée à l’auberge, tellement la chaleur est rude et patientons jusqu’au départ de notre bus de nuit en actualisant le blog, lisant le Lonely Planet pour appréhender au mieux notre prochaine étape, la capitale, Buenos Aires.

Mendoza

Après Bariloche est ses fantastiques paysages de carte postale, nous continuons toujours plein Nord le long de la Cordillère des Andes, par la mythique route 40 que nous suivons depuis El Calafate, et arrivons le 23/12/2013 à Mendoza. Elle est la capitale de la province du même nom et le « Grand Mendoza », c’est-à-dire l’aire urbaine couverte par la ville et les départements voisins, forme la 4ème agglomération d’Argentine en population et en importance, faisant d’elle un centre universitaire et touristique important.

Mendoza fut fondée en 1561 et José de San Martín y mis sur pied l’armée qui lui permit de conquérir l’indépendance du Chili, entre 1817 et 1818. En 1861 un terrible tremblement de terre détruisit la ville et tua plus de 10 000 personnes. La cité fut rebâtie sur un site différent à quelque distance du lieu originel et c’est un Français qui fut chargé de définir la base urbanistique de la ville actuelle en 1863, incluant la disposition stratégique de différents lieux et places.

L’activité économique de la province est étroitement liée à l’industrie agro-alimentaire, les productions d’huile d’olive et de vin étant les 2 industries prépondérantes. Le « Grand Mendoza » est aujourd’hui la plus importante région productrice de vin en Amérique latine, Mendoza figure parmi les 9 grandes capitales du vin dans le monde et connait un œnotourisme en plein essor car elle est une base idéale pour visiter les nombreuses caves et lieux de productions alentour qui proposent des circuits de dégustation adaptables à tous les budgets.

Le 23/12, à notre arrivée, nous nous sommes installés dans l’auberge « Mora », recommandée par Nicola, l’italien avec qui nous venons de passer quelques jours d’anthologie à Bariloche, sa précédente étape étant justement Mendoza. Bon choix, l’auberge est agréable, avec un grand espace de vie et encore un patio intérieur à ciel ouvert très agréable. Depuis notre arrivée en Argentine, notre budget ne nous permet plus de choisir des chambres privatives et nous privilégions donc les dortoirs : moins d’intimité mais cela facilite les rencontres. Parfois nous arrivons à trouver de mini-dortoirs avec simplement 2 lits superposés, sinon, ce sont généralement des dortoirs de 6 à 8 personnes. A notre arrivée à l’auberge Mora, on nous propose un dortoir de 6 personnes inoccupé, qui le restera, par chance, jusqu’à notre départ. Le bon côté des choses, c’est que ces auberges offrent une quantité de services appréciable : Wi-Fi libre, généralement une salle de TV ou une salle de jeux, parfois une piscine, le petit-déjeuner est presque toujours inclus etc. Ils misent en fait bien plus sur des espaces communs agréables et de nombreux services inclus plutôt que sur l’intimité, quasi inexistante, ou le confort de la literie. De toute façon, nombre de clients dorment finalement assez peu la nuit, trop occupés à faire la fête, et profitent des heures mortes de la journée pour faire la sieste à l’ombre dans les lieux de vie communs, où ils accumulent du retard de sommeil au fur et à mesure que leur séjour s’allonge 😉

A propos de fête, aujourd’hui, 24/12/2013, c’est Noël, et nous nous sommes rajoutés à la liste des inscrits au repas de Noël, organisé en commun avec 4 autres auberges de jeunesses de Mendoza. Le soir venu, nous nous retrouvons donc avec environ 70 autres backpackers tous loin de leur famille (snif !) pour un Noël pas comme les autres pour nous, européens. Pour commencer, il fait plus de 30° y compris en soirée, le centre de l’Argentine traversant en ce moment une vague de chaleur anormale et plus rencontrée depuis plusieurs dizaine d’années. Ensuite, le repas est bien entendu un « asado » (BBQ) avec vin à volonté. Avec la chaleur qu’il fait, plusieurs d’entre nous ajoutent à cela, de la bière fraiche, et en fin de soirée, le staff a même prévu quelques bouteilles de champagne. Résultat : le quart-d‘heure de marche pour rentrer, vers 4 heures du matin, avec un petit groupe de voyageurs séjournant tous à l’auberge Mora, est bien utile pour souffler quelques minutes avant de nous coucher. A cette heure-là, la température commence à être acceptable !

Le lendemain, nous profitons du début de la journée pour faire une lessive bien nécessaire, puis nous décidons de sortir en fin de journée pour aller visiter le centre-ville de Mendoza, assez agréable. Composé de larges avenues et trottoirs, le plan urbain géométrique et aéré de la ville actuelle a visiblement été (re-)pensé récemment (cf. tremblement de terre à la fin du XIXème siècle). Le centre-ville est construit autour d’une grande place appelée Plaza Independencia, très arborée et composée de plusieurs fontaines, dans lesquelles les gamins viennent se rafraichir. A équidistance de chaque coin de cette place, on trouve 4 autres plus petites places, Plaza España, décorée avec de jolis « azulejos », Plaza Italia, Plaza Chile et enfin Plaza San Martin, au milieu de laquelle s’élève une majestueuse statue du général libérateur de l’Argentine.

Enfin le 26/12/2013, nous partons en bus avec quelques autres voyageurs rencontrés à l’auberge pour un circuit dégustation de vin à vélo. De nombreuses zones voisines de Mendoza offrent des circuits de dégustation de vin et de produits locaux (chocolat, liqueurs, huile d’olives). Les plus connues sont : Maipú, à seulement quelques km du centre-ville, ayant la réputation d’être très touristique, du genre « travail à la chaîne », sans charme particulier, mais très accessible, du point de vue géographique et budget ; une alternative est « Lujàn de Cuyo », domaine un peu plus éloigné, plus authentique aussi, avec de nombreuses vieilles caves souvent familiales; enfin, la « Valle de Uco », est un domaine plus récent, aux grosses fabriques industrielles produisant des vins issus de vignes d’altitude car l’altitude dans cette zone fleurte avec les 1500 mètres d’altitude, mais il est aussi nettement plus loin (150 km de Mendoza environ) et le seul moyen de s’y rendre est de louer un véhicule, rares sont les agences qui proposent des circuits dans ce domaine, qui revient cher par personne.

Nous nous dirigeons vers le domaine « Lujàn de Cuyo », où nous commençons par récupérer un vélo chacun et empruntons le trajet recommandé qui passe entre les vignobles pour rejoindre la première cave, familiale, du nom de son propriétaire, Carmelo Patti. C’est une cave qui ne produit que du vin rouge, essentiellement, Malbec, le cépage « roi » dans la région de Mendoza, qui semble particulièrement apprécier le fort ensoleillement et la forte chaleur en journée autant que les rafraichissantes températures nocturnes. Ici, le patron, âgé de plus de 70 ans, accueille admirablement les touristes et ne facture même pas la dégustation ! Il parle, en espagnol uniquement, avec passion, de son amour pour le raisin, et transmet de façon naturelle une partie de son savoir, comme la façon de vérifier si une bouteille est bouchonnée sans même l’ouvrir, puis la position idéale pour la conserver, ou encore la meilleure manière, selon lui, d’approfondir ses connaissances sur le vin tout en passant de bons moments : passionnant et touchant ! Sa cave produit moins de 50 000 bouteilles à l’année, ce qui est très faible mais il travaille presque tout seul. Il est donc extrêmement fier de nous présenter les quelques guides et clubs œnologiques (internationaux pour certains, un guide français, notamment) qui classent son vin dans leur TOP 10 ou TOP 5, alors qu’il ne dépense pas un sou dans la promotion ou la publicité : il estime qu’il doit sa popularité à « ce qu’il met » dans ses bouteilles et ses plus grandes satisfaction sont de recevoir des amoureux du vin ou des clubs de dégustation (certains viennent du monde entier) qui reviennent le voir régulièrement pour le féliciter et l’encourager à continuer à travailler avec authenticité et simplicité. A la question « Quel est votre cépage préféré ? », il répond que le Cabernet Sauvignon est, pour lui, « el Rey de los Tintos ! ».

Quelques coups de pédales plus loin, nous nous arrêtons dans une fabrique bien plus industrielle où nos goûtons plusieurs Torrontés et un Malbec et même si la dégustation est bien organisée, que le staff parle anglais pour le reste du groupe, nous apprécions finalement moins l’état d’esprit : en plus du coût de la dégustation, il faut rallonger entre le double et le triple pour pouvoir goûter aux bouteilles « en haut de l’étagère ».

Enfin, nous terminons par une autre cave spécialisée dans les vins organiques, qui produit des vins contenant moins de sulfites, émanant de vignes traitées avec un minimum de pesticides. C’est dans cette cave que nous décidons de déjeuner (de la viande, vous aviez deviné, bien sûr), avec un joyeux groupe qui s’est formé depuis le début de la journée et nous descendons tout de même 3 bouteilles de Malbec à 9 ou 10 personnes, plus la dégustation offerte par la maison après le repas. Autant vous dire que le retour à vélo à l’agence de location est des plus joyeuses balades à vélo que nous ayons faites !

Voilà donc un condensé de notre séjour à Mendoza, la ville où Dionysos est sans conteste célébré à toute heure du jour et de la nuit !

Bariloche

Au départ d’El Chaltén, c’est un trajet en bus de 2 jours consécutifs qui nous attend, entrecoupés d’une nuit d’hôtel à mi-chemin, pour rejoindre San Carlos de Bariloche, 1400 km plus au Nord, toujours le long de la Cordillère des Andes.

San Carlos de Bariloche, plus communément appelée Bariloche, environ 120 000 habitants, située à 760 m d’altitude, est une ville de la province de Río Negro, construite sur la rive sud du lac Nahuel Huapi, d’une superficie de 557 km², soit une surface un peu inférieure à celle du lac Léman. Ce dernier est un lac d’origine glaciaire qui a la forme d’un trident de 80 km de long, dont les trois pointes s’incrustent à l’ouest contre les Andes, tout près de la frontière avec le Chili. Bariloche est située dans les Andes du Sud, qui, à la différence des Andes Centrales dépassant souvent les 4 000 mètres, sont traversées par des vallées orientées est-ouest, et sont suffisamment basses pour permettre aux vents humides du Pacifique de décharger la pluie du côté argentin des Andes. Ainsi, la montagne la plus haute de la région ne fait que 3 554 m. et l’altitude moyenne des sommets descend régulièrement au fur et à mesure que l’on descend vers le sud. La latitude de Bariloche est comparable, en Europe, à celle de la ville de Barcelone en Espagne, sur la Méditerranée. Pourtant, il y a des neiges éternelles dès 2100 mètres d’altitude.

La région de Bariloche, surnommée la « Suisse Argentine », est touristique et très réputée pour ses paysages de lacs et de montagnes, et pour sa station de sports d’hiver, possédant l’un des plus anciens et plus étendus domaine skiable d’Amérique de Sud (mais pas de ski pour moi ici puisque c’est l’été en ce moment), ainsi que ses cours d’eau riches en truites et saumons. Les jumelages de Bariloche ne laissent aucun doute sur sa célébrité en tant que station de sport d’hiver de renom en Amérique du Sud : Aspen (USA), Saint-Moritz (Suisse) ou Sestrières (Italie) sont des noms qu’aucun membre de la tribu Pavard n’ignore.

Fondée officiellement en mai 1902, son tout premier habitant était originaire de Suisse, et le nom « Bariloche », provenant de la langue des Mapuches, est dérivé du mot « Vuriloche », signifiant « homme de l’autre côté de la montagne ». Comptant à peine 35 000 habitants au début des années 1980, Bariloche a accueilli, pendant les décennies suivantes, des milliers d’immigrants, principalement d’immigration interne, mais aussi des étrangers en particulier de la Slovénie, de l’Allemagne, de la Suisse, et du Chili voisin. La croissance anarchique de la ville a été évitée de justesse grâce à l’impossibilité d’ériger des habitations dans le parc national Nahuel Huapi, à proximité immédiate de la ville. À cause de l’importante population germanophone de la ville, Bariloche fut aussi l’un des refuges d’anciens serviteurs du Troisième Reich, comme Erich Priebke et Reinhard Kopps, découverts en 1995. Certains pensent même que le médecin nazi du camp de Mauthausen, Aribert Heim, s’y cacherait encore.

Arrivés en début de soirée le 20/12/2013, nous allons avoir le plaisir de retrouver dans la rue, Nicola, l’italien rencontré à Salta, avec qui nous avions convenu de nous retrouver à Bariloche autour du 21/12, pour une bonne raison : nous fêtons tous les deux notre anniversaire ce jour (Nico étant juste âgé d’une année de plus). Nous rejoignons donc l’hôtel dans lequel il s’est installé et partons diner tous les 3 au restaurant.

Le lendemain, nous partons à la recherche d’une voiture de location que nous trouvons, non sans mal, en fin de matinée, et partons en direction du parc national pour une boucle de 230 km environ, empruntant une route appelée « route des 7 lacs », route touristique incontournable de la région. Les paysages me laissent rêveur (ils rappellent indéniablement la région d’Annecy ou les bords du lac Léman), les lacs sont nombreux, d’une eau d’une rare pureté, et on souhaiterait s’arrêter à chaque virage pour se baigner. En début d’après-midi, nous faisons une pause déjeuner à Villa La Angostura, à l’extrémité Nord-Ouest du lac Nahuel Huapi. Un repas délicieux où nous goutons trois viandes différentes : de l’agneau, du bœuf et du cerf. Nous reprenons la route et longeons le lac Traful par la rive Sud, passant par Villa Traful, une minuscule ville où les campings sont rois, à proximité de laquelle un mirador offre une vue exceptionnelle sur le lac.

Vers 20h, nous sommes de retour à l’hôtel et après quelques courses, Nico et moi nous mettons aux fourneaux. Il prépare une succulente salade de pâtes, en prenant soin de choisir le meilleur Pesto, l’huile d’olive la plus chère etc. et le résultat est une merveille. Quant à moi, « melons-sur. », non, je déconne, pas le jour de mon anniversaire ! Je nous prépare donc le seul autre plat que je suis capable de réaliser : une quiche lorraine, bien sûr ! Quel fils indigne je fais avec une maman bonne cuisinière comme la mienne ! Bon, certains disent que c’est l’intention qui compte, et ce soir, la bonne humeur est de mise, nous invitons donc tous les voyageurs de l’hôtel présents à se joindre à table pour fêter dignement avec nous ce double anniversaire et nous aurons même de nombreux compliments à propos de la cuisine. La soirée, la nuit se poursuit en compagnie des plus motivés, dont 2 membres du staff de l’hôtel qui ne sont pas de service ce soir, et nous passons tous une mémorable nuit (retour à 6h du mat’), j’ose même dire l’une des plus amusantes de tout le voyage. Bariloche restera dans mon cœur pour longtemps et je rêve déjà de pouvoir y retourner dans le futur !

El Chaltén

Bien, maintenant qu’on est complètement au Sud de l‘Argentine, et que notre prochain vol décolle de Rio de Janeiro le 23/01/2013, il nous reste quelques milliers de km en bus à avaler!

Nous amorçons donc une longue série de trajets en direction du Nord de l’Argentine, suivant dans un premier temps la Cordillère des Andes, nous tirerons ensuite vers l’Est pour rejoindre Buenos Aires, puis traverserons le « Rio de la Plata » pour rallier Montevideo en Uruguay afin de suivre enfin le littoral jusqu’à Rio de Janeiro au Brésil, avec un possible détour par les Chutes d’Iguazú, si l’agenda le permet. Encore un beau programme en perspective !

Pour l’heure, on ne va monter bien loin, notre prochaine étape, ne se situe qu’à 3 heures de bus plein Nord de la ville d’El Calafate. Le village d’El Chaltén, situé dans le département de Lago Argentino de la province de Santa Cruz doit son nom à Daniel Rodriguez, qui voulut rendre hommage à la culture Tehuelche au moment de la fondation du village, en 1985, de nombreuses sources rapportant que « Chaltén » signifie en Tehuelche « la montagne qui fume », en référence aux nuages fréquemment accrochés au sommet voisin portant initialement le nom de Chaltén avant d’être remplacé par celui de Fitz Roy par Francisco Moreno lors de son exploration en 1877. Il n’y avait encore presque rien sur ce site vers 1980, et les seules raisons d’être de ce village aujourd’hui en forte croissance sont le trekking et l’escalade. Le « Parc national des Glaciers », aux portes du village, attire les marcheurs qui disposent de nombreuses opportunités de randonnées et l’escalade du Cerro Fitz Roy attire des spécialistes de l’escalade du monde entier.

Nous partons pour une courte randonnée le premier jour, pour rejoindre une belle cascade appelée « Chorillo del Salto » située à environ une heure de marche du village, puis longeons un peu le torrent afin de trouver une piscine naturelle pour faire « trempette ». L’eau est franchement gelée, je ne suis pas sûr de m‘être baigné dans un torrent aussi froid de toute ma vie. Enfin « baigner » est un bien grand mot, puisque j’ai ressenti en seulement quelques secondes une sensation similaire à une brûlure sur la peau : pas exactement le genre de piscine dans laquelle on voudrait rester immergé pour boire tranquillement un cocktail !

Le 17/12/2012 (mais c’est qu’on approche de mon anniversaire !), on s’équipe cette fois un peu plus chaudement pour une randonnée plus longue appelée « Laguna de los 3 Cerros », qui permet d’approcher de très près l’illustre sommet Fitz Roy, un énorme monolithe de granite ayant une forme pyramidale, sculpté par les vents violents, par la neige et la glace, culminant à 3405 m. C’est le point culminant du massif du Fitz Roy, constitué principalement de deux chaînes de montagne d’orientation globale Nord-Sud, la chaîne du Fitz et la chaîne du Cerro Torre, situé à seulement 5 km a Sud-Ouest, ce dernier culminant à 3102 m. d’altitude. La toute première ascension du Fitz Roy fut réalisée en 1952 par des alpinistes français, Lionel Terray et Guido Magnone, après une série de tentatives infructueuses d’alpinistes majoritairement italiens et allemands entre 1937 et 1949.

Ce sont 3 heures de marche en pente légère puis un dernier tronçon d’une heure environ, nettement plus raide, qui permettent de rejoindre une lagune d’un bleu turquoise étonnant, cette dernière étant située au pied des deux sommets Torre et Fitz Roy. Quelle belle randonnée, chers parents ! Vous auriez sans l’ombre d’un doute grandement apprécié les paysages qui sont plus magiques les uns que les autres tout au long de la ballade : une variété de couleurs marquée par l’intense vert des forêts de hêtres australs, le blanc des glaciers, et le bleu azur du ciel et turquoise de la lagune. L’arrivée au pied du glacier surplombé par le Fitz Roy est vraiment spectaculaire. La randonnée ne présente aucune difficulté technique mas peut s’avérer un exercice un peu long pour les non habitués de la marche en montagne, mais elle reste un « must-see » pour les voyageurs qui font étape à El Chaltén. Ne ratez pas l’occasion d’approcher ce mythique sommet !

El Calafate et le glacier Perito Moreno

Cela fait un mois et demi que nous n’avons plus approché un aéroport, depuis notre arrivée à Lima, au Pérou, voyageant exclusivement par voie terrestre. Ce matin du 12/12/2013, compte tenu de notre prochaine destination, nous n’empruntons un bus que pour une courte demi-heure, le temps de rejoindre l’aéroport de Salta, d’où nous décollons en fin de matinée pour rejoindre la ville d’ « El Calafate » au Sud de la Patagonie argentine, avec une courte escale à Buenos Aires.

Lors de notre pause chilienne à San Pedro de Atacama, nous avons en effet pris la décision de remplacer notre séjour au Chili par une étape en Patagonie. Ce n’est pas qu’elle soit proche de Salta (3850 km à parcourir, tout de même), mais c’est une région nettement plus exotique, sauvage, que la ville de Santiago du Chili par exemple, et aussi moins accessible depuis l’Europe, alors tant qu’à avoir mis les pieds en Argentine, ça vaut la peine de pousser encore un peu plus au Sud. Mais compte tenu de l’éloignement de cette immense région avec le nord de l’Argentine, et au vu de notre agenda, la voie aérienne s’imposait au moins pour l’aller ou le retour.

La Patagonie, également appelée « Le Grand Sud », est un immense territoire comprenant principalement le Sud de l’Argentine et le Sud du Chili. La superficie de la Patagonie argentine est 5 fois plus importante que la partie chilienne ce qui fait un territoire plus grand que la France. Ces deux régions, séparées par la cordillère des Andes, abritent des paysages contrastés de montagnes, de glaciers, de pampa, de forêts subpolaires, de littoraux, d’îles et d’archipels : une variété rare! Habitée depuis plus de 10 000 ans par les Sud-Amérindiens tels les Mapuches, les Tehuelches ou les Selknams, ces terres furent décrites pour la première fois par l’italien Antonio Pigafetta dans son récit du premier tour du monde du navigateur portugais Fernand de Magellan publié en 1525. Après une colonisation lente et difficile, la plupart des autochtones disparurent, remplacés par une population métissée qu’on peut qualifier de « sud américano-européenne ». Avec une densité de 3,8 habitants par km2, la Patagonie est une des régions les moins peuplées au monde. Ses terres sont exploitées pour l’élevage de bétail en d’immenses fermes ou convoitées pour leurs ressources naturelles importantes. Elle représente des intérêts écologiques importants qui suscitent des convoitises de toute part. L’étymologie du mot « Patagonie » a fait l’objet de nombreuses recherches et controverses et un certain nombre d’interprétations ont longtemps convergé vers une relation avec l’idée de « grands pieds » en référence à l’unique témoignage de l’un des 18 survivants de l’expédition de Magellan autour du monde qui, de retour en Europe, début 1520, décrit dans un récit la rencontre avec un « géant » qui « était si grand que le plus grand de nous ne lui venait qu’à la ceinture » et précise plus loin que le capitaine qualifia ces gens par le terme « Pataghoni ». Le mythe des Géants Patagons ne s’estompa qu’à la fin du XVIIIème siècle, lorsque d’autres explorateurs rapportèrent des témoignages indiquant avoir rencontrés des Amérindiens pas plus grands que 2 m, certes plus grands que la moyenne européenne de l’époque, mais en aucun cas des « géants ». L’hypothèse aujourd’hui généralement retenue est que le nom « Patagonie » trouve son origine dans un roman de chevalerie publié en 1512 par Francisco Vázquez, évoquant une immense créature sauvage appelée « Patagón ». Ce roman très en vogue à l’époque, était sans doute connu de Magellan qui aurait associé les autochtones rencontrés, avec leurs peaux d’animaux en guise de vêtement et leur consommation de viande crue, à la créature décrite par Vázquez dans son roman.

La région fascine principalement pour sa nature sauvage mais aussi pour la population qu’elle a accueillie tout au long de l’Histoire. Les premiers occupants indiens furent exterminés par les colons anglais, puis par les changements d’habitudes alimentaires et par des maladies véhiculées par les nouveaux arrivants. Plus récemment, ces terres furent choisies comme terre d’exil pour les criminels emprisonnés à Ushuaia, pour les extravagants, les révoltés et également par les aventuriers en tout genre. La Patagonie a par exemple vu s’installer sur ces terres, Butch Cassidy, légendaire pilleur de banques et de trains ayant sévit aux États-Unis à la fin du XIXème siècle, puis plus récemment de nombreuses célébrités telles que Sylvester Stallone, Florent Pagny ou la famille Benetton.

Pour revenir à nos aventures, nous atterrissons donc le 12/12/2013, en fin de journée à El Calafate, environ 20 000 habitants, une petite ville de la province de Santa Cruz, située sur la rive Sud du lac « Argentino », le plus grand lac d’Argentine et le 3ème plus grand de tout le continent sud-américain. El Calafate est une localité chère et très touristique, qui doit sa notoriété au fait d’être la ville la plus proche, donc la porte d’accès, du « Parc national des Glaciers » ou « Parque Nacional Los Glaciares ». Ce parc, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981, qui s’étend sur plus de 350 km du Nord au Sud et 50 km d’Est en Ouest, englobe entre autres 2 gigantesques lacs : le lac Argentino, ci-dessus évoqué et le lac Viedma plus au Nord, ainsi que plusieurs sommets emblématiques comme le Mont Fitz Roy ou le Cerro Torre. Mais son principal objectif, comme son nom l’indique, est la préservation des glaciers qu’il comprend. Et il y en a 48 en tout, dont certains s’étendent sur une superficie comparable à celle de la ville de Buenos Aires ! C’est le cas du Perito Moreno, le plus célèbre de tous, un glacier d’une incalculable valeur scénique, et facilement accessible en véhicule depuis El Calafate !

Ces nombreux glaciers, protégés par le parc national, ne sont en fait que les terminaisons d’une énorme calotte glaciaire d’environ 10 000 km2, appelée « Hielos Continentales Sur », répartie entre l’Argentine et le Chili, la plus grande calotte glaciaire continentale et la plus grande zone de glace après l’Antarctique et le Groenland. Ces 3 sites sont ce qu’il reste des longues périodes glaciaires que la Terre a vécu, lorsque près de 30% du globe était enseveli sous la glace !

Le jour suivant notre arrivée à El Calafate nous permet dans un premier temps d’organiser notre excursion au glacier Perito Moreno, prévue pour le 14/12/2013. Situé à environ 50 km de la ville d’El Calafate, il n’y a pas 36 façons de se rendre à cet extraordinaire glacier: c’est le bus, cher et peu flexible en termes d’horaires, ou la location d’un véhicule, envisageable uniquement si nous pouvons trouver 2 voyageurs ou un couple pour se partager les frais. Par chance, après avoir fait la quasi-intégralité des agences de location de la ville, je croise Markus et Olivia, un couple d’allemands arrivés hier soir par le même vol que nous avec qui nous n’avions pas eu de contact mais qui me semblent sympathiques. Je leur explique donc que j’ai déjà des offres de 2 agences et que c’est environ iso-coût que le bus mais bien plus sympathique et souple de partir en autonomie pour la journée. Le plan les branche (ils cherchaient eux aussi une excursion pour le lendemain) et me confirment donc une demi-heure plus tard leur accord pour que je réalise la réservation. RDV demain matin 9h30 à leur hôtel !

En attendant, nous profitons de la relative douceur du climat, même si le vent souffle fort, et de l’ensoleillement prolongé (c’est l’été en ce moment et le soleil ne se couche qu’entre 23h et minuit) pour aller nous promener en début de soirée sur les bords du lac Argentino dont les eaux turquoises sont un régal visuel.

Le lendemain matin, après une petite heure de route, en compagnie des allemands rencontrés hier, nous approchons enfin de l’extraordinaire Perito Moreno. Baptisé du nom de l’explorateur Francisco Moreno, ayant étudié cette région au XIXème siècle et ayant joué un rôle crucial dans la défense du territoire argentin, dans les discussions pour la délimitation de la frontière avec le Chili, ce monstre de près de 30 km de longueur présente une hauteur de glace de près de 170 m (bien qu’à certains endroits, l’épaisseur de glace atteigne 700 m.) dont 70 m sont émergés, son front de 5 km venant se jeter dans le lac Argentino. Il est l’un des 3 seuls glaciers de Patagonie (avec le Spegazzini) à ne pas être en régression et il est même considéré comme l’un des glaciers les plus vivants au monde puisqu’il avance d’environ deux mètres par jour soit près de 700 mètres par an.

Après avoir observé cette force de la nature depuis un mirador situé à quelques km, nous sommes maintenant à quelques dizaines de mètres du front de ce géant qui fait face à la péninsule de Magellan. Le bout de la péninsule est équipé de passerelles en bois s’étendant sur plusieurs km permettant d’observer et d’écouter un phénomène caractéristique de ce glacier appelé « rupture ». À la différence d’autres glaciers caractérisés par les effondrements de pans de glace, le Perito Moreno détache d’immenses blocs de glace dans un bruit impressionnant qui se répercute dans toute la vallée par écho. À n’importe quelle époque de l’année, se produisent des effondrements constants de ses murs de glace qui viennent se fracasser à la surface du lac Argentino, provoquant de mini-tsunamis. Le glacier atteint aujourd’hui la rive opposée et divise le lac en deux, créant des digues naturelles, provoquant une montée des eaux du bras Rico du lac Argentino qui érodent le glacier. Ce dernier devient moins résistant et finit par céder sous la pression. Cet effondrement spectaculaire du front du glacier a lieu périodiquement, mais la fréquence de ce cycle est irrégulière et peut prendre d’un an à une décennie. La première rupture a été observée en 1917. La dernière date de mars 2012, et les précédentes se sont produites en 2008, 2006 et 2004 à une fréquence supérieure à la moyenne du XXème siècle d’environ une fois tous les quatre à cinq ans. Il faut avoir beaucoup de chance pour être témoin de ce spectaculaire phénomène, mais pour le plus grand bonheur des touristes, de multiples épiphénomènes similaires se produisent quotidiennement et sont déjà impressionnants.

Une autre caractéristique du Perito Moreno est son intense couleur bleue par endroits. En fonction de la densité de la glace, plus au moins élevée selon sa teneur en air, la capacité d’absorption de la lumière varie. Lorsque la lumière solaire, formée d’un spectre d’ondes électromagnétiques comprenant toutes les nuances colorées, pénètre dans une partie compacte du glacier, ses composantes à grande longueur d’onde sont absorbées par les molécules d’eau glacée quand ses composantes bleues, de longueur d’onde plus courtes, sont réfléchies dans toutes les directions, l’œil humain percevant alors une couleur bleutée à la surface du glacier. Le Perito Moreno présente de nombreuses zones de très forte densité de glace et ce phénomène est donc particulièrement visible en son front.

Après ce magique spectacle, nous reprenons la route en contournant le lac Argentino par sa rive Sud et profitons de notre voiture de location pour nous écarter un peu d’El Calafate et nous enfoncer dans une Patagonie moins touristique. Le mauvais temps finit par avoir raison de nous et malgré notre intention initiale de rester tard dans la soirée aux côtés de Dame Nature, dans sa tenue la plus « sauvage », nous sommes contraints de rentrer bien plus tôt que l’heure du coucher du soleil, qui n’aura pas montré son visage de tout l’après-midi. La promenade nous aura au moins permis de photographier quelques paysages typiques ainsi que de nombreux animaux qui semblent apprécier pleinement leur lieu de vie et l’éloignement des êtres humains.