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Florianópolis

Le 10/01/2014, en milieu d’après-midi, avec quelques heures de retard, notre bus arrive enfin à destination: le terminal régional de Florianópolis, sur la côte atlantique brésilienne, 1000 km au nord-est de la frontière avec l’Uruguay.

Le Brésil, c’est notre avant-dernière étape, un gigantesque territoire d’environ 8,5 Millions de km2, une population de plus de 200 Millions d’habitants (le plus vaste et le plus peuplé d’Amérique latine), et un PIB de presque 2 400 Milliards de dollars américains, ce qui le place, en 2012, à la 7ème position en terme de puissance économique mondiale, juste derrière la France (5ème) et le Royaume-Uni (6ème).

C’est un territoire tellement gigantesque, couvrant la moitié de l’Amérique latine et partageant ses frontières avec tous les pays du sous-continent à l’exception du Chili et de l’Équateur, que nous ne pourrons en découvrir qu’une toute petite frange (sud) dans le temps qui nous est imparti, en 3 étapes: Florianópolis et l’île de Santa Catarina dans un premier temps, puis, les Chutes d’Iguazu, et enfin la mondialement connue, Rio de Janeiro.

Plus grand pays lusophone au monde, le Brésil est aujourd’hui le seul héritage du Portugal en terre américaine, et partage des caractéristiques communes avec la plupart des auutres pays d’Amérique du Sud: c’est un pays en majorité catholique, avec une densité humaine relativement faible, une population fortement urbanisée, et enfin de forts contrastes, tant du point de vue géographique, que sociologique et économique.

Les terres brésiliennes furent découvertes en 1500 par Pedro Álvares Cabral, et furent immédiatement attribuées au Portugal, selon le traité de Tordesillas, en vigueur à l’époque. La colonisation ne débuta réellement que dans les années 1530, avec la fondation de São Vicente, premier village établit en 1532. La Couronne portugaise écarta par deux fois les tentatives de colonisation française, appelées « France antarctique » qui occupa la baie de Rio de Janeiro de 1555 à 1567, puis « France équinoxiale » qui tenta de s’implanter près de São Luis entre 1612 et 1615. La traite négrière, liée au fort développement économique du Brésil à partir des années 1550 (production sucrière, puis minière) et à l’insuffisance d’indiens autochtones, dura jusqu’au milieu du XIXème siècle, le Brésil étant le pays qui reçut le plus d’esclaves noirs (5,5 millions d’Africains, majoritairement d’Afrique de l’Ouest). En 1822, Dom Pedro, fils du régent Jean VI, envoyé au Brésil par Napoléon en 1807 après avoir envahi le Portugal, refusa de rentrer au moment d’être rappelé en Europe, et proclama l’indépendance du Brésil, soutenu par la population brésilienne locale, tout en étant déclaré empereur sous le nom de Pierre Ier. Sous le règne suivant (Pierre II), le Brésil connut un début de modernisation et d’industrialisation, l’esclavage fut par exemple aboli, même si plus tard qu’en Europe, en 1888. Un an plus tard, l’Armée renversa l’empereur et ce fut le début d’une période de 2 Républiques successives, durant lesquelles le pays fut dirigé par une oligarchie de riches propriétaires, puis le Brésil s’engage dans la Seconde Guerre Mondiale au côté des Alliés, avant de s’enfoncer progressivement dans de graves problèmes politiques intérieurs et de conflits d’intérêts entre les régions qui conduiront finalement à un coup d’Etat en 1964 et à l’instauration d’une dictature militaire de droite (comme d’autres pays d’Amérique latine) pendant deux décennies. C’est finalement la crise financière qui mine la plupart des pays d’Amérique du Sud, le développement de la pauvreté et de l’insécurité dans les immenses favelas, ainsi que la ruineuse corruption des militaires et les mouvements syndicaux qui feront perdre les derniers soutiens économiques du régime militaire, permettant enfin le retour de la démocratie et l’établissement d’une nouvelle constitution adoptée le 5 octobre 1988. Depuis 2002, c’est le Parti des travailleurs qui dirige le Brésil, l’ancien syndicaliste Luis Inácio Lula da Silva, président de 2002 à 2010, ayant permis au pays de sortir du marasme économique et d’accéder au statut de puissant pays émergent, grâce au développement accordé à la classe moyenne et la création d’un grand marché intérieur qui attire les capitaux étrangers et les industries d’exportation, à la suite du retour de la confiance des banques et la stabilisation de la monnaie. Le géant pétrolier Petrobras devient le symbole de cette forte croissance en réussissant, en 2010, plus grande augmentation de capital de l’histoire. Depuis le 1er janvier 2011, c’est une femme, Dilma Roussef, également membre du Parti des travailleurs, qui est aux commandes du gouvernement, et le Brésil semble continuer à connaitre une période de fort développement économique, accueillant, comme chacun sait, la Coupe du Monde de Football en 2014 puis les prochains Jeux Olympiques d’été en 2016.

C’est en discutant avec d’autres voyageurs rencontrés en Argentine que nous avons choisi Florianópolis, au lieu de Porto Alegre, comme première étape brésilienne. Florianópolis, généralement surnommée Floripa, capitale de l’État de Santa Catarina au sud-est du Brésil, est une destination touristique renommée, en raison de ses nombreuses plages, et l’une des villes brésiliennes offrant la meilleure qualité de vie, notamment en termes de développement humain et de sécurité. Plus que la municipalité de Florianópolis en elle-même, qui a vu naitre le très apprécié joueur de tennis brésilien Gustavo Kuerten, triple vainqueur à Roland Garros au début des années 2000, et grandir le célèbre mannequin Alessandra Ambrosio, repérée par l’illustre agence Elite en 1996 et devenue égérie de la marque de lingerie Victoria’s Secret en 2004, c’est en fait l’île de Santa Catarina qui attire les touristes dans la région. Située à quelques centaines de mètres des côtes brésiliennes et reliée au continent par 2 ponts, cette île de 55 km de longueur Nord-Sud par 15 à 20 km de largeur Est-Ouest, également appelée « île de la Magie » (ilha da Magia en portugais), est l’île principale d’un archipel de plus de 20 autres et elle détient la majeure partie (97%) de la municipalité de Florianópolis : cette partie majoritaire de la ville, insulaire, se situe dans le centre-ouest de l’île de Santa Catarina, au point le plus proche du continent, qui délimite les baies Nord et Sud, le reste de la municipalité étant continental.

Pour découvrir ce genre d’endroit, rien de tel que de louer un deux-roues ! Les distances sont relativement courtes, les arrêts fréquents, les routes se transforment parfois en chemins pour accéder aux plages les moins exposées, et le trafic est généralement chargé du à un nombre limité d’axes routiers pour se déplacer : tant de critères qui rendent l’usage d’un scooter très pertinent. C’est ainsi que le lendemain de notre arrivée, nous louons un 125cc pour 2 jours, accompagnés par un espagnol, de Barcelone, rencontré à l’auberge où nous séjournons.

Le 11/01/2014, nous partons donc à la découverte du Nord de l’île, avec Jordi, en commençant par aller déjeuner puis nous baigner à la « Playa de los Ingleses » puis parcourons les quartiers chics de Jurerê jusqu’à atteindre la plage du même nom. Cette parie Nord-Ouest de l’île est très clairement la zone établie des riches propriétaires (les maisons sur l’axe principal de Jurerê sont toutes immenses et font penser à Beverly Hills) et le coin choisi par les jeunes fêtards venus éponger leur soif dans l’une des nombreuses discothèques « taille industrielle » comme le « Pacha » ou le « P12 », en bord de plage.

En fin d’après-midi, changement de décor en quelques kilomètres, nous redescendons sur la côte Ouest de l’île et nous arrêtons à Santo António de Lisboa, un mignon et très calme village de pêcheurs, qui semble fréquenté majoritairement par les locaux et loin des folies touristiques du Nord.

Enfin, nous retraversons l’île en son centre pour rejoindre la « Lagoa da Conceição », une grande lagune alimentée par plusieurs cours d’eau descendant des collines de l’île, au bord de laquelle se situe notre « pousada » (auberge). Nombre de visiteurs y pratiquent le stand-up paddle (une activité nautique se pratiquant debout sur une planche de surf qu’on dirige à l’aide d’une pagaie, ça nous semble « chiant à mourir » avec Magda) et le kitesurf, que j’espère pouvoir pratiquer d’ici la fin de la semaine si les conditions s’y prêtent.

Le lendemain, nous passons le début d’après-midi, sous un temps maussade, du côté de « Barra da Lagoa », la municipalité située entre « Lagoa da Conceição » et l’océan Atlantique, par laquelle passe le canal qui relie le lac à l’océan. A proximité de « Barra da Lagoa », on nous conseille d’aller nous baigner dans des piscines naturelles d’eau de mer à quelques dizaine de minutes en marchant sur un sentier sinueux le long de l’océan. Ces piscines sont formées par un littoral rocheux escarpé qui retient par endroit l’eau de mer et forme alors une retenue d’eau à l’abri des mouvements océaniques.

En fin d’après-midi, nous ne manquons pas d’aller admirer un groupe de danse local, qui prépare son show, pour le carnaval, qui aura eu dans quelques semaines, en répétant leur spectacle de samba une fois par semaine en plein centre de « Lagoa da Conceição » et en public. La « Samba No Pé » (Samba de pieds) est la samba « solo » la plus connue et la variante majoritairement pratiquée lors des carnavals. C’est une danse très complète, dans laquelle chaque partie du corps est utilisée : les jambes bougent d’avant en arrière ou inversement d’une manière bien particulière tandis que les bras balaient l’air au niveau du bassin. Elle est souvent pratiquée par des femmes mais certains hommes brésiliens semblent exceller également dans le domaine. Et bien qu’elle paraisse accessible car elle n’expose aucune figure complexe ou « passe » (comme c’est le cas de la salsa), son rythme est en fait bien compliqué à appréhender. Magda a semble-t-il intégré le pas de base assez vite, moi, je n’ai même pas essayé !

Enfin, nous profitons des éclaircies de la matinée du 13/01/2014 pour découvrir cette fois le Sud de l‘île : « Pântano do Sul », plage de pêcheurs située à l’extrémité Sud-Est de l’île, puis la Plage de Campeche, fréquentée par les surfeurs pour les vagues régulières qu’elle offre. C’est cette plage que nous choisissons pour nous boire en terrasse une carafe de jus de « fruit de la passion » : on est bien au Brésil, au mois de janvier !

Après ces quelques jours reposants en bord de mer, nous quittons temporairement la côte et rejoignons les Chutes d’Iguazú, situées au milieu de la forêt tropicale, à la frontière entre l’Argentine et le Brésil.